Maltraitance animale : une vidéo choc de L214 dénonce l’absence de contrôles sanitaires dans un abattoir Bigard

Infiltré pendant quatre mois dans un abattoir de bovins en Saône-et-Loire, un enquêteur de L214 a été témoin de multiples infractions aux règles sanitaires et de protection animale.

Des bovins dans le couloir de la mort de l'abattoir de Cuiseaux, en Saône-et-Loire. L214
Des bovins dans le couloir de la mort de l'abattoir de Cuiseaux, en Saône-et-Loire. L214

    Des bovins égorgés et conscients, des fœtus de veaux servant à des prélèvements, des vaches maltraitées lors de leur acheminement… Dans une nouvelle vidéo choc dévoilée ce jeudi, l’association de défense des animaux L214 dénonce le traitement des bovins et le manque de contrôle dans un abattoir de Cuiseaux (Saône-et-Loire), du groupe Bigard (propriétaire des marques Bigard, Charal et Socopa).

    Les images, tournées par un enquêteur de L214 infiltré pendant quatre mois au service vétérinaire du contrôle sanitaire de l’abattoir, montrent notamment des vaches abattues en pleine gestation, et des tapis roulants jonchés de fœtus de veaux - parfois proches de la naissance - destinés à fournir des sérums pour des recherches en laboratoire. « Les fœtus meurent par suffocation dans l’utérus de leur mère abattue », détaille L214.

    Embauché en tant que contractuel, et dépendant des services du ministère de l’Agriculture, Thomas Saïdi relate aussi avoir été témoin de multiples infractions aux règles sanitaires et de protection animale. Certaines souillures n’étaient pas retirées des carcasses des animaux avant leur transformation, raconte-t-il. Des vaches arrivaient mortes à l’abattoir. D’autres étaient enfermées dans des enclos pendant 48 heures sans être nourries.

    Des contrôles rarissimes

    Dans le cadre de l’abattage halal, certains bovins étaient égorgés encore conscients, sous le regard de leurs congénères patientant dans le couloir de la mort. « On ne m’a pas passé les bonnes consignes pour détecter une reprise de conscience lors de l’abattage rituel. Lorsque je notais quelque chose, le vétérinaire qui consultait mon rapport me disait que je ne savais pas reconnaître, me demandais si j’étais sûr de ce que j’avais vu… », se souvient Thomas Saïdi.

    L’enquêteur de 28 ans dénonce aussi une formation quasi inexistante, dans un service vétérinaire dépourvu de moyens humains. « Au bout de trois mois, ils se sont rendu compte qu’on m’avait mal expliqué comment découper un animal pour détecter la tuberculose », témoigne-t-il. 1 à 2 % des abattages étaient contrôlés dans l’établissement, constate L214, alors que la réglementation impose un contrôle de toutes les opérations.

    L’association a porté plainte pour sévices graves, et a déposé un recours en responsabilité contre l’État. Contacté, le groupe Bigard n’a pas répondu à nos questions. De son côté, le ministère de l’Agriculture, qui reconnaît dans les images « un certain nombre de non-conformités » a ordonné une enquête approfondie au sein de l’abattoir. Elle doit débuter ce jeudi.