FERMETURES. Le regroupement de chercheurs Coalswarm, l’association de protection de la nature américaine Sierra Club et l’ONG Greenpeace l’assurent : le déclin du charbon comme source d’électricité est en cours. Selon les calculs des trois organismes, ces deux dernières années le nombre de nouvelles centrales entrant en service a chuté de 41% tandis que les démarrages de chantiers ont reculé de 73%. Les permis et les projets planifiés ont, eux, reculé de 59%. Dans le même temps, entre 2015 et 2017, 97 GigaWatts (GW) de capacité ont été fermés. Ces arrêts de centrales ont principalement eu lieu aux Etats-Unis (45GW), où pourtant la politique menée est favorable au charbon. La Chine a mis au rebut pour 16GW et le Royaume-Uni (qui est en train d’abandonner ce type d’énergie) 8GW. On assiste donc à un "effet ciseau". Les auteurs du rapport ont en effet calculé qu’en 2022, les fermetures de centrales au charbon seront plus nombreuses que les ouvertures. La part de cette énergie commencera alors à fortement diminuer dans le mix énergétique mondial.
Cette désaffection a plusieurs causes. Aux Etats-Unis, les fermetures sont liées à la production croissante de gaz de schiste plus rentable que le charbon. Malgré les efforts de l’actuel président des Etats-Unis, Donald Trump, ces règles économiques condamnent les mines du pays. De plus, jusqu’ici, les fermetures se déroulaient dans les pays développés. Il s’agissait principalement de centrales en fin d’activité. Ainsi, 290 GW de capacités ont atteint les 39 années de durée de vie prévues pour de telles unités. 144 GW sont situés aux Etats-Unis et 59 GW dans l’Union européenne. 315 GW supplémentaires atteindront la limite d’âge à la fin de 2030.
Les pays en voie de développement commencent à se détourner du charbon
SCHISTE. La nouveauté, c'est que cette décennie est marquée par l’abandon du charbon dans les pays en voie de développement. Dans l’est asiatique (Chine, Japon, Corée), si 553 GW sont en cours de construction, 758 GW de projets ont été abandonnés, soit un taux de renoncement de 59%. En Inde, où l’urgence est à l’électrification de l’ensemble du pays, seuls 17 centrales sont en cours de réalisation, et ce, affirment les auteurs, du fait de la désaffection des investisseurs privés. Comme aux Etats-Unis, le gaz est le principal concurrent du charbon. Mais le coût devenu très compétitif des énergies renouvelables change aussi la donne. Le fait que le solaire et l’éolien soient désormais moins chers que les énergies fossiles est un phénomène qui ne date que de la moitié de la décennie et les effets commencent à se faire sentir sur les choix des investisseurs.
Ce recul est certes une bonne nouvelle pour le climat et la réalisation de l’accord de Paris pour un maintien de la hausse des températures mondiales à moins de 2°C et si possible à 1,5°C (cette hausse est aujourd’hui de 1,1°C). Cependant le recul enregistré n’est pas suffisant. «Le total des émissions de CO2 des centrales à charbon du monde entier est de 233 gigatonnes, plus haut que le budget total pour les 1,5°C et 2°C » affirment les auteurs du rapport. Pour respecter le seuil de 1,5°C, il faudrait annuler tous les projets actuels de construction et fermer la plupart des centrales avant leurs 40 ans d’âge. Et même l’objectif de 2°C implique une fermeture accélérée des centrales en activité. C’est le sombre avertissement du rapport.