Ces dernières années, les généticiens se sont aperçus que l’environnement (l’alimentation, les conditions climatiques, le stress…) pouvait laisser des traces dans le génome des plantes et des animaux sous forme de modifications de l'expression des gènes. Ces modifications, dites épigénétiques, transmissibles et réversibles, ne s'accompagnent pas de changements dans le support génétique, c'est-à-dire au niveau de l’ADN.
Ainsi, les botanistes ont remarqué que l’arabette (Arabidopsis thaliana) garde en « mémoire » le souvenir d’évènements stressants et transmet à sa descendance la capacité de s’adapter aux conditions difficiles. Ils affinent aujourd’hui leurs recherches en se focalisant sur l’immunité de ces plantes modèles couramment utilisées en laboratoire pour les études génétiques.
Dans la revue Plant Physiology, des scientifiques de l’université de Neuchâtel montrent que les descendants des arabettes « stimulées » par des traitements augmentant leurs défenses naturelles se défendent mieux et plus rapidement contre divers agresseurs : le mildiou, une bactérie pathogène et des insectes herbivores. Des études complémentaires ont noté que cette « protection » persistait sur deux générations.
« Cette méthode pourrait permettre de réduire l’usage de pesticides, observe Sergio Rasmann, actuellement en poste à l’Université de Lausanne. En effet, en diminuant l’apport de pesticides dans les champs, on laisse des plantes exposées à des blessures d’insectes, mais ces blessures renforcent paradoxalement la résistance de la plante qui va être transmise à la génération suivante. C’est une stratégie intéressante qui pourrait bien profiter à différentes plantes, étant donné que des résultats similaires ont été également obtenus pour la tomate. »
Sciences et Avenir.fr
18/01/2012