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OGM

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Billet de blog 24 novembre 2010

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OGM: Visite sur le site de l'AFBV

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A l'heure où l'AFBV (Association Française des Bio-technologies Végétales) se plaint du manque de débat scientifique sur la question des OGM, il est intéressant de faire une petite visite de son site internet. Une nouvelle version de "Faites ce que je dis, pas ce que je fais".

Commençons donc par la présentation de l'association: "l'AFBV est une ONG sous forme d’association nationale régie par loi de 1901, strictement indépendante et regroupant à titre individuel des personnes issues de divers horizons, convaincues de l’intérêt des biotechnologies végétales pour notre pays, en particulier pour développer une agriculture durable." Strictement indépendante certes, mais elle omet de préciser que la grande majorité des membres de son conseil d'administration et du conseil scientifique ont des liens étroits avec les industries semencières françaises. Indépendante oui, mais de qui?

Entrons maintenant dans le vif du sujet et passons maintenant à la page Définitions. L'AFBV elle-même définit entre autre différentes techniques de modifications génétiques. On y trouve notamment la transgénèse, la mutagénèse et la fusion cellulaire. Notons bien cette page car toutes les définitions données sont exactes. Voici la liste des techniques citées et définies par la suite dans cette page:

"Elles permettent notamment

- la reproduction à l’identique par multiplication végétative à partir de fragments de tissus,

- l’accélération des générations grâce à la culture d’embryons immatures,

- le sauvetage d’embryons interspécifiques produits lors de croisements entre espèces distantes,

- la modification du nombre et de l’organisation des chromosomes (ploïdie),

- la recombinaison entre génomes d’espèces différentes par croisement ou fusion de protoplastes (cellules auxquelles on a retiré leurs parois)

- l’augmentation de la variabilité génétique en intervenant sur les organites du cytoplasme des cellules (mitochondries et chloroplastes),

- la modification de l’information génétique au niveau de l’ADN par mutagénèse ou transgénèse,

- la sélection génétique assistée par marqueurs grâce aux progrès de la génomique."

Passons maintenant à la page OGM et développement durable, où l'on trouve un véritable festival d'approximations et de fausses allégations:

"Leur intérêt environnemental

- en réduisant l’utilisation des insecticides,"

Faux. Une étude de la FDA (Food and Drug Administration - EU, peu suspecte d'altermondialisme primaire) indique que l'utilisation d'insecticides a significativement augmenté depuis la culture des maïs GM, notamment parce que la pyrale, cible de l'insecticide produit par le PGM, était remplacée par d'autres insectes prédateurs. La nature a horreur du vide! Et je ne parle pas des PGM tolérant aux insecticides.

"- en remplaçant des herbicides sélectifs par des désherbants totaux moins polluants, "

Ah bon? le Roundup est moins polluant que?

"- en réduisant les émissions de gaz carbonique,"

Ah oui? Comment?

- en protégeant ou favorisant la biodiversité,

Comment?
- en réduisant la consommation de nouvelles terres.

Vraiment? un PGM utilise moins de sol qu'une variété non GM?

"Leur intérêt social

- en augmentant les revenus des populations rurales,"

En payant les semences plus cher et en augmentant la consommation de pesticides, on ne voit pas comment!

Et ça continue avec un des plus gros mensonges des défenseurs de l'agriculture OGM!

"En même temps, si on ne peut démontrer le risque zéro, force est de constater que depuis le début de commercialisation en 1996, aucun problème sanitaire, aucun dommage environnemental imputables à la technologie n’a pu être mis en évidence scientifiquement, malgré de nombreuses études provenant de sources très diverses."

On serait bien en peine de démontrer un problème sanitaire puisque dans les pays où les OGM sont consommés, il n'existe pas de traçabilité. Il est donc impossible de relier tel ou tel problème sanitaire à la consommation d'OGM puisqu'on ne peut jamais dire si un individu a consommé des OGMs ou non. Cela ne veut bien sur pas dire qu'il existe avec certitude un problème sanitaire mais par contre affirmer qu'aucun problème n'existe est simplement mensonger.

Venons en maintenant aux question Vrai ou Faux développées sur ce site, occasion là encore d'allégations très approximatives.

Ainsi, à la question "Les gènes de résistance à des antibiotiques utilisés pour créer des PGM sont-ils dangereux ?", il est répondu notamment:

"Chez les OGM récents, le gène codant pour l’enzyme permettant une résistance à un antibiotique donné n’est plus présent dans les plantes cultivées en champ."

Ce n'est pas exact. Ainsi la pomme de terre Amflora autorisée cette année à la culture en UE contient bien un gène de résistance à un antibiotique.

A la question "L'agriculteur doit-il payer si des traces d'OGM sont détectées dans ses champs ?" il est répondu:

"Aucun agriculteur, dans aucun pays, n’a à payer de "royalties" si des traces d’OGM sont détectées dans son champ, par exemple à la suite d’un pollinisation fortuite d’un champ voisin."

Si les firmes utilisent encore peu ce droit, la législation des brevets leur donne tout à fait le droit de le faire.

A la question "Les OGM ne feraient pas l'objet d'études approfondies " , l'AFBV répond entre autres:

"De nombreuses publications scientifiques attestent que c'est faux.

A.Ricroch, JB. Bergé et M. Kuntz ont recensé 15000 publications scientifiques sur ou utilisant les plantes transgéniques de 1996 à 2009."

Fichtre! 15000 études en 15 ans. 1000 par an. Près de 3 par jours! Enorme! En fait, en suivant le lien vers l'étude, les auteurs eux-mêmes ne parlent que de 357 études. Si le chiffre de 15000 est bien cité, il s'agit du nombre de références, soit le nombre d'études où le terme est cité et non le nombre d'études ayant pour objet les OGM. Vous avez dit rigueur scientifique?

Enfin, pour finir, dans un article sur la mutagénèse , l'AFBV n'hésite pas à se contredire en restreignant la définition d'un OGM à la transgénèse alors que dans sage Définitions, la mutagénèse est considérée à juste titre comme une des techniques de manipulation du vivant. Cela contredit également la définition d'un OGM faite par la législation européenne.

On aurait été en droit d'attendre, de la part d'une association prétendant défendre la rigueur et le débat scientifique, un peu moins d'approximations. Mais en fait la rigueur scientifique se trouve-t-elle du coté des industries agro-semencières?

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