[Vidéo] La titanesque arche de confinement de Tchernobyl, un chantier historique
La clé de l'arche de confinement de Tchernobyl a été symboliquement confiée aux autorités ukrainiennes le 10 juillet. Elle marque la fin de douze ans de chantier, pour un projet de 2,1 milliards d'euros aux dimensions titanesques, impliquant plusieurs industriels français.
Douze ans de chantier. 33 millions d’heures de travaux, réalisées par plus de 10 000 ouvriers. Les statistiques de la construction de l’enceinte de confinement du réacteur n°4 de Tchernobyl ont de quoi donner le tournis. Et ce n’est pas tout ! Il s’agit désormais de la plus grande structure terrestre mobile jamais construite, avec une portée de 257 mètres, une largeur de 162 mètres, une hauteur de 108 mètres et un poids total de 36 000 tonnes (avec ses équipements).
La clé du colosse, enfin terminé, a été symboliquement remise le 10 juillet aux autorités ukrainiennes par les industriels français Vinci Construction Grands Projets et Bouygues Travaux Publics, partenaires du groupement Novarka. Pour l’occasion, une cérémonie s’est tenue sur le site en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Ce projet est un morceau de vie pour chacun d’entre nous. Et nous sommes tous conscients du progrès environnemental que cet ouvrage représente pour l’Ukraine, ses pays voisins et tout le continent européen" a déclaré Patrick Kadri, président de Vinci Construction Grands Projets. Le directeur général adjoint de Bouygues Travaux Publics, Marc Adler, ajoute dans le même communiqué: "Tchernobyl restera dans l’Histoire du génie civil comme un concentré d’innovation et les ingénieurs qui y ont pris part transmettent déjà les enseignements de ce projet hors normes dans les écoles d’ingénieurs."
En 2016, l’arche avait été déplacée de 327 mètres depuis son lieu d’assemblage jusqu’à sa destination finale. Une vidéo recouvrant toutes les étapes de sa construction avait alors été dévoilée.
2,1 milliards d'euros pour une durée de vie de 100 ans
Au total, le projet aura coûté 2,1 milliards d’euros, entièrement financé par la communauté internationale. L’ouvrage désormais reçu, le Chernobyl Nuclear Power Plant (ChNPP) va pouvoir démarrer le démantèlement des installations accidentées et le traitement des déchets radioactifs. Une opération rendue possible par les 26 équipements de démolition intégrés dans l’arche et pilotés à distance, installés depuis la pose de l'arche sur site fin 2016. Parmi eux, des bras géants, des ponts et des systèmes de levage conçus par des entreprises partout dans le monde.
Conçu avec l'équipementier français CNIM, un matériau spécial a été apposé afin de créer une membrane entre l'enceinte et le sarcophage. Les durées de vie des différentes couches qui la composent devraient lui permettre de tenir environ 100 ans. La membrane est également capable de résister à des températures allant de -40°C à +40°C, des séismes et des chocs contondants.
Aucun accident n'a été à déplorer durant la totalité des opérations. "C'est une très grande fierté", explique Vinci Construction, contacté par L'Usine Nouvelle. La raison : des systèmes de roulements pour les employés, une mesure maximale de dosimètre inférieure aux standards français, un briefing d'une demi journée sur les radiations pour les nouveaux venus, et des "règles très strictes", entraînant un licenciement pour le moindre irrespect. "On ne pouvait pas se permettre de laisser passer quoi que ce soit", précise Vinci. A l'échelle du chantier et des enjeux depuis le drame de 1986, on ne peut que le comprendre.