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Santé

Pourquoi l'effet placebo marche mieux chez certains

Des chercheurs ont mis en évidence l'existence de ce qu'ils appellent le "placebome", l'ensemble des gènes de prédisposition à l'effet placebo.
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Placebo
Une prédisposition génétique nous rendrait plus ou moins sensibles à l'effet placebo.
©DANIEL REINHARDT / DPA / dpa Picture-Alliance

PLACEBOME. Un placebo est un "médicament" qui ne possède aucune propriété pharmacologique intrinsèque mais qui est administré comme un vrai traitement. L’effet placebo est le bénéfice tiré par un patient de ce "traitement" qui ne contient pas de principe actif. À lui seul, le concept d'effet placebo constitue en quelque sorte le comble de toute entreprise médicale. Un comble déjà largement étudié et dont on connait les principes de base. Même si la dimension psychologique qu'il fait intervenir rend son explication exhaustive évidemment ardue. L’effet placebo est essentiellement lié à deux mécanismes : l'activation des récepteurs cérébraux aux opiacés qui ont des propriétés analgésiques et procurent des sensations de bien-être ; et la libération de dopamine, une substance liée à la récompense et à l’anticipation du plaisir. Le patient est alors dans un état neuronal "positif" qui favorise sa guérison.

11 gènes de prédisposition à l'effet placebo

Mais ce qu'on sait moins, c'est pourquoi certaines personnes semblent plus sensibles que d'autres aux placebos. En effet, placées dans des conditions optimales et similaires (auscultation, diagnostic, prescription réalisés par un médecin de confiance), deux personnes ne tireront pas forcément bénéfice de l'effet. "Il existe d’énormes différences d’efficacité de l’effet placebo d’un individu à l’autre. Cela peut varier d’une absence de réponse mesurable chez une personne à une amélioration notable chez d’autres" explique Kathryn Hall de l’Ecole de médecine de Harvard. Avec son équipe, la chercheuse qui a mené plusieurs études sur le sujet ces dernières années, publie une revue de littérature scientifique dans le journal Trends in Molecular Medicine. Son objet ? La prédisposition génétique à une certaine sensibilité aux placebos. L'étude parue le 15 avril 2015 établit ainsi qu'il existe 11 gènes favorisant l'activation des mécanismes cérébraux propres à l'effet placebo. À tel point que les chercheurs parlent désormais de "placebome", associant le terme placebo à celui de génome. La méta-analyse menée par l'équipe de l'Ecole de médecine de Harvard conclut à la nécessité de mieux comprendre ce placebome.

Une donnée essentielle aux essais cliniques

Mais en quoi cela peut-il intéresser la recherche médicale ? Tout simplement car ce fameux effet placebo est tel qu'il est justement utilisé dans la méthodologie des essais cliniques menés pour valider l'efficacité d'un nouveau médicament. Les essais dits "randomisés" consistent à répartir les malades recrutés pour ces études en plusieurs groupes. Trois par exemple : le premier recevant la nouvelle molécule testée, le deuxième un médicament dont les effets sont déjà connus et le troisième un placebo. L'idée étant de démontrer que le médicament testé présente plus qu'un simple effet placebo, et est plus efficace que le médicament déjà disponible. On comprend bien alors qu'une prédisposition génétique à  l'effet placebo devrait être une donnée intégrée à la méthodologie des essais. Cela "suggère que nous devons affiner et recalibrer nos suppositions sur les contrôles placebo dans les essais cliniques randomisés, estime Kathryn Hall, principal auteur de la revue d’études. Peut-être faut-il prévoir en plus des groupes traitement et placebo, un groupe qui ne reçoit rien du tout. Ce serait un pas en avant dans la description du placebome."

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