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Gaz à effet de serre : l'Europe a pulvérisé ses objectifs de réduction d'émissions

•Les émissions des 36 pays liés par le traité de Kyoto, dont ceux de l'Union européenne, ont diminué de 24 % par rapport à 1990.•La tertiarisation de leur économie explique en grande partie cette baisse record, qui dépasse de six fois les objectifs impartis.

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Par Joël Cossardeaux

Publié le 30 mai 2014 à 01:01

Le chiffre est impressionnant. A la fin 2012, les émissions de gaz à effet de serre (GES) des 36 pays parmi les plus développés du monde étaient presque inférieurs d'un quart - de 24 % exactement - à celles de 1990.

Cette baisse ressort des premières données publiées en avril sur la période d'engagement (2008-2012) du protocole de Kyoto. Elle dépasse de six fois les objectifs (-4 %) impartis à ces pays dans le cadre de ce traité international, conclu en 1997 et auquel doit succéder en 2015 la conférence sur le climat de Paris, un nouvel accord impliquant cette fois tous les pays du monde.

Les pays de l'Union européenne, qui n'étaient que 15 à l'époque, sont en avance. Le Portugal, la Suède et la Grèce ont littéralement « explosé » leurs objectifs, avec un écart de plus de 20 points par rapport à leurs engagements (la Suède a par exemple réduit de 18 % ses émissions alors qu'elle s'était engagée à ne pas les augmenter de plus de 4 %). Un peu moins vertueux, la France et la Grande-Bretagne, qui devaient stabiliser leurs émissions, les ont en réalité diminuées de plus de 10 %. L'Allemagne, qui s'était fixé un objectif ambitieux (-21 %) a réussi à réaliser une baisse de 24 %.

Cette diminution spectaculaire n'est pas, cependant, l'exact reflet des efforts menés pour « réduire les gaz ». La crise et le ralentissement de l'activité y ont contribué. Tout particulièrement dans les pays de l'ancien bloc de l'Est, qui n'ont pas eu à se démener : leur industrie s'est effondrée dans les années 1990, émettant de facto beaucoup moins de CO2. La baisse a été en moyenne de 40 %, contre un objectif de -1,9 % ! La Lettonie a par exemple réduit ses émissions de 61 %, la Bulgarie de 53 %, etc. Même sans les permis d'émission dus à l'accumulation « d'air chaud » par ces pays, « globalement, les engagements pris auraient été respectés », jugent les experts de CDC-Climat dans l'évaluation du protocole de Kyoto qu'ils viennent de livrer.

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Déplacement des activités de production

Les changements structurels intervenus dans l'économie de ces 36 pays développés ont eu un réel impact. Les 36 % de croissance qu'on y constate entre 1990 et 2011 tiennent au développement des services. Un secteur d'une intensité énergétique bien plus faible que l'agriculture et l'industrie, dont la croissance a été quasi nulle.

Les pays du Vieux Continent ont aussi fait évoluer leur mix énergétique vers des solutions moins carbonées : le gaz a été préféré au charbon et au pétrole pour alimenter les centrales électriques. Ce virage, ni les Etats-Unis, tournés vers l'extraction des gaz de schiste, ni le Canada, attelé à celle des sables bitumineux, ne l'ont négocié. Ces deux pays, non engagés dans le protocole, ont d'ailleurs augmenté fortement leurs émissions : +18,5 % pour le Canada et +9,5 % pour les Etats-Unis.

L'industrie européenne et celle des autres pays développés apparaît aussi plus vertueuse qu'auparavant. Elle pourrait en partie le devoir au déplacement des activités de production vers les pays en développement. En intégrant les GES émis pour fabriquer les bien importés de Chine ou d'ailleurs, et dont le volume n'a cessé d'augmenter, le bilan serait a priori moins flatteur. Mais ce scénario n'est pas prouvé. « Au niveau mondial, l'industrie émet moins de CO2 par unité de PIB », font observer les experts de CDC Climat. Selon leurs calculs, l'intensité énergétique de l'industrie a diminué d'un quart.

Joël Cossardeaux

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