Carlos Ghosn le professe depuis plusieurs années: pour lui, la voiture électrique ne séduira le grand public que si son coût de revient est identique à celui d’un véhicule thermique. Le patron de Renault, qui a fait de la motorisation électrique son cheval de bataille et entend le démocratiser, semble finalement être suivi par son concurrent le plus frontal.
Pour booster les ventes de ses véhicules électriques, Peugeot s'est décidé à casser les prix de façon spectaculaire. La marque au lion vient de faire baisser le prix de sa petite iOn, produite par Mitsubishi, de 29.500 à... 10.900 euros! Soit une division par trois de son prix. Ou du moins par deux et demi, si on prend en compte le fait que sa iOn était déjà éligible à un bonus écologique de 5.000 euros en vigueur jusqu’à la fin juillet. Elle revenait donc, en réalité, à 24.500 euros.
Une remise qui s'arrêtera quand les stocks seront écoulés
Aujourd’hui, le constructeur consent une remise commerciale de 15,56 % sur le prix catalogue, soit 13.927 euros. La voiture coûte donc 15.573 euros, mais depuis le 1er août, elle bénéficie du nouveau bonus écologique de 30% (à concurrence de 7.000 euros) sur le prix facturé. Soit 4.673,05 euros pris en charge par l’Etat.
Voilà pourquoi les clients qui se rendent en ce moment dans ses concessions peuvent repartir avec une voiture électrique qui ne leur aura coûté que 10.900 euros. Soit 800 euros de plus qu’une 107 à 5 portes. Le Père Noël ne passant qu’une fois par an, cette importante promotion ne s’applique qu’aux véhicules en stock. En attendant de les écouler, Peugeot a suspendu sa commande auprès de Mitsubishi, son partenaire, qui produit les voitures.
Mais cette promotion a de l’effet sur les points de vente. Depuis le début du mois d’août, Edouard Georges, concessionnaire à Neuilly-sur-Seine, en a déjà vendu quatre, alors qu’il n’en avait cédé que trois entre janvier et fin juillet. "Les clients étaient des entreprises. Depuis la semaine dernière, ce sont des particuliers", note-t-il.
La Zoe de Renault ne coûtera pas plus cher qu'une Clio
Chez Renault, la Zoe n’est pas encore commercialisée. Les premières commandes ne pourront être enregistrées qu’à l’issue du Mondial de l’Automobile, qui fermera ses portes le 14 octobre au soir. Mais la comparaison thermique/électrique devrait donner un sérieux coup de pouce aux véhicules électriques. Eligible au bonus maximal, soit 7.000 euros, la Zoe reviendra à 13.700 euros. Soit exactement le premier prix d’une Renault Clio IV à essence.
Il faudra, bien sûr, compter 79 euros mensuels pour la location de la batterie, et environ 2 euros d’électricité pour chaque recharge complète (avec laquelle la voiture aura entre 100 et 150 kilomètres d’autonomie réelle, selon le mode de conduite du propriétaire).
Même tendance pour les hybrides
Pour convertir un plus grand nombre d’automobilistes aux technologies "propres", la logique est la même pour les véhicules hybrides. Chez Toyota, la Yaris hybride est affichée à 15.900 euros, soit quelques centaines d’euros de moins que sa version thermique, dans la finition haut de gamme. Et le Peugeot 3008 Hybride 4 revient aujourd’hui moins cher que certains de ses homologues en version thermique. "Pour les entreprises, le coût de détention mensuel d’un hybride, sur 36 mois, est inférieur de 338 euros à celui d’un véhicule thermique", affirme Edouard Georges.
Encore quelques mois, et l’on saura si ces prix très étudiés réussissent à convertir suffisamment d’automobilistes pour rentabiliser, sur la durée, de lourds, très lourds investissements: l’Alliance Renault-Nissan a parlé de 4 milliards d’euros pour les véhicules électriques. Et les motorisations hybrides, chez Peugeot-Citroên, ont englouti plus de 500 millions d’euros de budget de recherche et développement.