Une taxe Tobin bientôt en Europe ?

La Commission européenne doit adopter mardi la proposition visant à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières.

De notre correspondant à Bruxelles

José Manuel Barroso espère faire adopter le projet de taxe, malgré l'opposition de la Grande-Bretagne.
José Manuel Barroso espère faire adopter le projet de taxe, malgré l'opposition de la Grande-Bretagne. © AP/SIPA

Temps de lecture : 2 min

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy en rêvaient. José Manuel Barroso l'a fait. Mardi, le président de la Commission européenne devrait faire adopter par le collège des Commissaires une proposition législative visant à instaurer une taxe sur les transactions financières.

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Le texte est prêt. Les derniers arbitrages ont eu lieu lundi. Il vise à introduire à partir de 2014 une taxe sur la quasi-totalité des transactions financières dans, vers ou à partir de l'Union européenne, exception faite de certaines opérations de change ou effectuées par des particuliers. Mais il manque un élément crucial : les taux minimum applicables par type de transaction, des taux-planchers que chaque État aura la liberté de relever à sa guise.

Le président José Manuel Barroso s'est réservé le droit de les présenter lui-même à son équipe. Ils pourraient varier, selon les transactions, entre 0,01 et 0,1%. Suffisamment forts pour rapporter entre 30 et 50 milliards d'euros par an, estime la Commission. Mais suffisamment faibles pour ne pas encourager la délocalisation des transactions.

Car ce risque est la crainte majeure du Royaume-Uni. Pour défendre les intérêts de la City, il a demandé à sa représentante, Catherine Ashton, de marquer son opposition au projet. A priori la Belgique y est favorable, puisque son ministre des Finances Didier Reynders s'est exprimé en ce sens. Mais cela n'empêchera pas son représentant, Karel de Gucht, chargé du Commerce extérieur, de faire une déclaration d'opposition. En revanche, les représentants français, allemands, italiens, polonais, finlandais notamment voteront pour. "Au final, on devrait l'adopter", dit-on à la Commission.

Ceci ne sera que la première étape d'un long et difficile processus de négociations au sein du Conseil des ministres des Finances de l'UE. Un premier tour de chauffe devrait se tenir le 4 octobre à Luxembourg. Il faudra sans doute compter avec le veto de Londres. Or une telle perspective plomberait l'objectif ultime du couple franco-allemand : faire adopter une taxe équivalente au niveau mondial. Nicolas Sarkozy mettra le dossier sur la table du G20 au Sommet de Cannes, début novembre. Désunis, les Européens auront encore plus de difficultés à convaincre leurs partenaires, notamment américains. "Dans ce cas, on fera la taxe avec les pays de la zone euro", affirme-t-on, bravache, à Bruxelles.

La Commission a bien quelques munitions en poche pour tenter de convaincre Londres et, dans une moindre mesure, La Haye. "Les Anglais et les Néerlandais veulent réduire leur contribution au budget européen. Or nous proposons justement d'utiliser une partie des revenus de la taxe pour financer le budget de l'UE." Mais à vrai dire, la question de l'affectation des sommes est encore totalement ouverte. Plusieurs grandes ONG, soutenues par des Commissaires européens, réclament d'ailleurs qu'elles soient consacrées à l'aide au développement et à la lutte contre le réchauffement climatique.

Commentaires (16)

  • BRT

    Je pense qu'elle aurait dû bénéficier aux états et les obliger à maintenir leur contribution. Il ne faut pas que la commission en profite pour se financer en toute absence de transparence.

  • IGNARE

    Les dépenses somptuaires ? Les yachts de 70 mètres qui font du 50 noeuds ? Les collections de châteaux, de Ferrari, de Gucci, de Vuitton, de Pateck Philippe, d'hélicoptères, de tableaux à 50 millions de dollars le mètre carré ? De jets privés qui vont de sociétés off-shore en paradis fiscaux ? Tout cela ne s'obtient qu'en ne payant pas le travail correctement, et c'est un euphémisme, en dépensant des fortunes en maintien de l'ordre, armées, porte-avions, prisons, vigiles, surveillants pour faire tenir la populace mondiale tranquille ! Après il ne reste plus un sou pour l'éducation, la santé, la justice, la recherche fondamentale ! Et il faudrait encore réduire "les dépenses" ? S'il y a des criminels dans cette affaire, ce n'est pas ceux qui instaurent "des taxes" (0.1% sur les transactions financières, et M. Lemans crie déjà à l'assassin !), mais ceux qui pour augmenter encore leur patrimoine sont prêts à jeter des milliers de travailleurs, voire des pays entiers dans la misère ! Méfiez-vous M. Lemans : à force de pousser les gens au désespoir, les nantis décomplexés vont finir par connaître en un jour plus de violence qu'ils en auront infligées aux peuples toute leur vie durant !

  • La paille

    Bien qu'une taxe sur les transactions doit être mise en place même si les anglo-saxons n'en veulent pas... Ils ne veulent pas non plus de l'euro, on se demande parfois ce qu'ils font dans l'Union Européenne !
    Alors oui ce projet est réjouissant mais mené par Barroso cela devient presque inquiétant... N'est-ce pas lui le responsable de la directive MIF qui a permis aux dark pool et autres places alternatives de nous faire croire que l'argent créait de la richesse ?