Tchernobyl : mise en place d'un dôme métallique autour du réacteur 4

Le 26 avril 1986, l'un des réacteurs explosait, libérant des éléments radioactifs. Le nouveau dôme doit venir renforcer la sécurité du site pour 100 ans.

Source AFP

Le dôme a été construit par les géants français du BTP Vinci et Bouygues et financé par la communauté internationale.
Le dôme a été construit par les géants français du BTP Vinci et Bouygues et financé par la communauté internationale. © SERGEI SUPINSKY / AFP

Temps de lecture : 4 min

Le dôme de confinement financé par la communauté internationale a été mis en place mardi au-dessus du réacteur accidenté de la centrale nucléaire de Tchernobyl, un projet hors norme qui doit assurer la sécurité du site pour les 100 ans à venir. « La cérémonie marque un moment-clé du projet international de transformation du site de l'accident de 1986 », ont déclaré dans un communiqué les géants français du BTP Vinci et Bouygues, qui ont construit ce dôme.

La newsletter sciences et tech

Tous les samedis à 16h

Recevez toute l’actualité de la sciences et des techs et plongez dans les Grands entretiens, découvertes majeures, innovations et coulisses...

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

En forme d'arche, cette cloche de confinement est une ossature métallique de 25 000 tonnes (36 000 tonnes avec les divers équipements prévus), de 108 mètres de haut et de 162 mètres de long. « Ce qui revient à pouvoir couvrir le Stade de France ou la statue de la Liberté », résume dans un communiqué Novarka, coentreprise des groupes français Bouygues et Vinci, qui a conçu et réalisé l'arche. « L'arche de Tchernobyl est la plus grande structure terrestre mobile jamais construite », ont ajouté les groupes français. D'une durée de vie d'au moins 100 ans, selon les constructeurs, elle doit permettre de confiner les matières radioactives et le sarcophage existant. De plus, elle dispose d'équipements qui vont éventuellement permettre de procéder au démantèlement du vieux sarcophage soviétique, recouvrant le réacteur n° 4, et au traitement des déchets radioactifs.

« Nous avons célébré aujourd'hui à Tchernobyl la fin réussie de l'opération du poussage de l'arche, une étape-clé avant l'aboutissement du programme international pour transformer Tchernobyl en un site sûr et sans danger pour l'environnement d'ici novembre 2017 », ont-ils ajouté. L'arche ne sera en effet opérationnelle que fin 2017, le temps d'installer et de mettre en service ses divers équipements.

L'Europe contaminée

Le 26 avril 1986, à 1 h 23, le réacteur n° 4 explosait au cours d'un test de sûreté. Pendant dix jours, le combustible nucléaire a brûlé, rejetant dans l'atmosphère des éléments radioactifs qui ont contaminé, selon certaines estimations, jusqu'aux trois quarts de l'Europe, mais surtout la Russie, l'Ukraine, le Bélarus, alors républiques soviétiques. En 206 jours, un « sarcophage », d'une ossature métallique de 7 300 tonnes et composé de 40 000 mètres cubes de béton, a été construit par 90 000 personnes dans des conditions très difficiles afin d'isoler le réacteur accidenté, raconte à l'Agence France-Presse Anna Korolevska, directrice adjointe du musée de Tchernobyl à Kiev. « Cela a été fait grâce aux efforts surhumains de milliers de gens ordinaires », déclare-t-elle. « Quels étaient leurs moyens de protection ? Ils travaillaient dans des tenues ordinaires d'ouvrier de construction », rappelle Anne Korolevska.

En quatre ans, quelque 600 000 Soviétiques, connus depuis sous le nom de « liquidateurs », ont été dépêchés sur les lieux de l'accident pour éteindre l'incendie, construire la chape de béton afin d'isoler le réacteur accidenté et nettoyer les territoires aux alentours. Aujourd'hui, le bilan humain de la catastrophe fait toujours débat. Le comité scientifique de l'ONU (Unscear) ne reconnaît officiellement qu'une trentaine de morts chez les opérateurs et pompiers tués par des radiations aiguës juste après l'explosion, mais, selon certaines estimations, le bilan se chiffre en milliers de morts.

Construction internationale

Si la durée de vie du sarcophage avait initialement été prévue pour 20 à 30 ans, elle s'est finalement avérée beaucoup plus courte. Dès 1999, il a fallu mener de premiers travaux de renforcement du sarcophage, puis de nouveau en 2001, 2005 et 2006. « C'est une construction potentiellement dangereuse, qui représente une menace pour l'environnement et pour la population », déclare à l'Agence France-Presse Sergui Paskevitch, de l'institut des problèmes de sécurité des centrales nucléaires de l'Académie des sciences d'Ukraine. Il a précisé par exemple qu'un tremblement de terre pourrait accélérer l'effondrement de la structure. Ainsi, la nouvelle arche doit pouvoir résister à un séisme pouvant atteindre une intensité maximale de 6 sur l'échelle de Mercalli (qui en compte 12).

Face au risque d'un effondrement de l'ancien sarcophage, qui signifierait que des tonnes de magma hautement radioactif seraient à l'air libre, la communauté internationale s'est engagée à financer la construction de la nouvelle chape. Un fonds géré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a été créé et les travaux de construction ont débuté en 2012. Selon la Berd, le coût de la construction de l'arche s'est élevé à 1,5 milliard d'euros. Mais le montant de tout le programme de confinement est estimé, lui, à 2,1 milliards d'euros.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération