Pour régler son problème de rongeurs qui envahissent ses parcelles, ce maraîcher bio a fait appel à un refuge pour chats abandonnés

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Dans la Somme, un agriculteur bio a redécouvert une technique ancestrale de lutte contre les nuisibles. Au lieu de déverser des pesticides chimiques afin d'éradiquer les rats et les taupes qui l'envahissent, il a décidé d'employer un moyen autrement plus naturel, très efficace, : il a fait appel à un refuge de sa région pour recueillir un groupe de chats errants, afin de l'aider à maintenir les envahissant rongeurs loin de ses 1 500 m2 de culture ! Une méthode garantie sans impact négatif sur l'environnement... et surtout, qui permet à des félins abandonnés de trouver un nouveau foyer d'accueil.

Chat chassant une souris, Astrid Gast — Shutterstock

L'histoire de l'homme, du rat et du chat n'a rien de très nouveau... en fait elle remonte même à la révolution néolithique, qui a jeté les bases de nos sociétés sédentaires actuelles.

Il y a plus de 10 000 ans, avec l'apparition de l'agriculture, l'homme se met à changer radicalement de mode de vie. Alors qu'il se sédentarise et commence à organiser le stockage des ressources afin de pouvoir accumuler des denrées d'une année sur l'autre, il se retrouve confronté à un nouveau problème : les rongeurs, qui sont fortement attirés par cette véritable corne d'abondance que sont pour eux les celliers, silos et autres greniers gorgés de grain et farine.

Ces rongeurs attirent à leur tour leurs prédateurs naturels, qui viennent d'eux-mêmes vivre à proximité des habitations humaines, où ils peuvent trouver leurs proies favorites en abondance. Vous l'avez deviné, ces prédateurs ne sont autres que les chats, une espèce alors sauvage et vivant dans les forêts. L'homme, voyant là un moyen de remédier à son problème et comprenant l'intérêt du partenariat possible entre lui et le félin, ouvre ses portes et entreprend de cohabiter avec lui. C'est ainsi que l'homme aurait domestiqué les premiers chats... ou plutôt, que le chat aurait domestiqué les premiers humains, tout dépend de quel point de vue on se place. 

Des tomates et des chats

Le chat, plus vieux dératisateur du monde ? Aujourd'hui, nous sommes nombreux à avoir des animaux de compagnie qui ne servent pas vraiment d'autre fonction que de nous apporter de l'affection, et qui, avouons-le, ne font pas vraiment grand-chose d'autre pour mériter leur part de croquettes. Un grand nombre de chats domestiques brillent d'ailleurs par le panache indolent de leur inutilité la plus totale... Mais n'oublions pas que, si le chien était au départ un allié de chasse, le chat était le défenseur des cultures et des greniers. La méthode était encore très largement employée dans les campagnes il y a encore une cinquantaine d'années de cela, avant le développement de méthodes chimiques. Chaque ferme avait son matou, et le chat du meunier était là pour veiller au grain.

C'est un peu cela que Jean-Pierre Demailly, maraîcher bio aux Hardines, dans la Somme, tente de remettre au goût du jour. Sur ses 1 500 m2 de culture, le sol est humide, ce qui est très propice au maraîchage... mais qui a également le gros inconvénient d'attirer de nombreux rongeurs, en particulier des taupes et des souris. Ne pouvant pas utiliser de produit phytosanitaire ou de pesticide chimique sous peine de perdre sa certification, il a testé toutes les autres solutions biologiques, pièges et cages, sans succès.

Alors, il a eu une autre idée pour se défaire des envahisseurs de manière écologique : avoir des chats, plein de chats ! Il a ainsi fait appel à un refuge de sa région, Saint Quentin Félin, une association qui recueille des chats errants — lesquels sont parfois  à moitié sauvages et difficilement adaptables à la vie en appartement ou tout autre mode de vie casanier. Mais le maraîcher, lui, avait exactement le job qui leur fallait : Il a donc adopté une petite équipe de félins ultra-motivés, qui vivent désormais sur ses parcelles et s'en donnent à cœur joie pour chasser toutes les petites bêtes qui s'y trouvent !

Depuis leur arrivée, les résultats se font nettement sentir. Jean Pierre Demailly a constaté qu'il y avait de moins en moins de pertes liées à la présence de rongeurs, et trouve régulièrement des restes de petites proies dévorées par les harets.

Source : France inter
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Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste